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" LE PANDA VOUS PARLE "
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Derniers commentaires
5 février 2007

DISCUSSIONS A BATONS ROMPUS SALLE GRIPEL JANVIER 2007

Le jour de ma mort

peretti

PJ : Thierry de Perreti, ne croyez-vous pas vous avez mélangé votre position de metteur en scène, de comédien ? Ce film ne comporte ni musique, ni dialogue, mais il comporte la violence des images que vous donnez de la Corse, il n’y a que la dernière image qui apporte un peu de douceur. Le manque de dialogue nuit peut-être à votre film qui est par ailleurs bien ficelé. Public : Mais pour moi, vous étiez bien dans cette programmation, votre film rejoint « La Traversée » : il est important de savoir d’où l’on vient pour aller où l’on va. Le fait de faire référence au Mazzérisme, çà vous encre là-dessus. Thierry de Perreti : le film a été tourné dans des conditions particulières, pour au moins la moitié du film dans des conditions quasi documentaires, ce qui sous-entend une conscience dans ce qui va se passer. Pour moi, le film fonctionne par une intuition, il était pour moi une traduction avec un vocabulaire sensoriel, sensuel, rythmique, d’une émotion très forte que j’avais ressentie. J’ai une foi absolue dans ses éléments, une foi absolue dans la lumière, dans le mouvement, les images, la durée. Tout le reste, tout ce qui est de l’ordre du sens, je me suis dit peut-être que quelque chose apparaîtra. Après, tout dépend à qui s’adresse le film, je ne dis pas qu’il doit s’adresser à une personne plutôt qu’a une autre, mais tout dépend de l’endroit où il est projeté. Il n’est pas du tout question de la Corse, le film ne se résume pas, c’est une histoire à un moment donné où une vie s’arrête, dans une ville, un endroit très contemporain, extrêmement urbain. Les questions que se posent les jeunes en Corse sont exactement les mêmes que les jeunes de Clermont-Ferrand par exemple. Ce film est une traduction la plus engagée, la plus sensible possible pour un fait qui a provoqué chez moi de l’incompréhension et de la colère. Pape : ce film est viscéral, épidermique, c’est sa grande force, on ne peut pas lui enlever cela.

Reconstruction

rondyens

PJ : Pourquoi avoir montrer cette scène de violence, que le personnage a provoqué, au début et à la fin du film ? On a tout à fait le sentiment dans votre film, que ce personnage est dans quelque chose qui ne lui plait pas, qui ne lui convient pas depuis 15 ans. Il s’est isolé lui-même y compris d’ailleurs en faisant les petites annonces de décès pour se rendre dans les cimetières afin de parler avec les gens. C’est lui qui a besoin de contact, qui a besoin d’être compris. A-t-on besoin de ces deux scènes de violence au début et à la fin ? Ron Dyens: C’est une volonté de déstructurer le film. C’est une volonté de montage, c’est un style et la seconde chose, c’est créer une empathie avec un personnage qui est absent. Cela crée un paradoxe et quelque chose d’affectif avec le spectateur. Il faut créer une sorte de détonateur. L’idée est d’assister à quelqu’un qui sait très bien ce qu’il fait mais le spectateur ne sait pas pourquoi il traverse en bousculant. Il y a une énigme qui est posée et en même temps on voit une souffrance par rapport à çà. On essaie ensuite de comprendre pourquoi. Comment il en est arrivé jusque là. D’accord, il n’en pouvait plus, il est passé par là et on comprend pourquoi il a décidé de bousculer et baisser les bras pour ensuite s’écrouler. Le pape : Il y a un autre film dans la distribution française qui n’est pas sans rappeler « Reconstruction », c’est « Indépendance ». C’est un film parallèle, c’est intéressant de confronter les deux, ce sont deux hommes mûrs, seuls, qui se posent des questions, qui tous les deux s’en vont vers la mer à la fin. Les deux films se font écho, c’est aussi un film très nocturne, le tien est rythmé par les réverbères, c’est le monde de la nuit. RD : Je pense qu’il y a effectivement des problèmes de situation, je ne sais pas si c’est un côté parisien mais on nous met dans un état de dépendance, lié au travail, à des fonctionnements, à des angoisses qui fait qu’on évite souvent de se poser des questions, on se leurre. Beaucoup de gens n’arrivent pas à sortir de leur corps pour pouvoir se voir par peur de prendre cette liberté et des conséquences : perte de travail etc…C’est très insidieux. Et puis les gens sont tellement fatigués, réfléchir, penser c’est fatiguant aussi. La reconstruction, c’est d’abord une fuite avant la reconstruction. Est-ce qu’avec ce film d’animation, après Shéhérazade, vous avez voulu donner une image de la sexualité, est-ce une translation pour arriver au long métrage ? Les choses changent en fonction du sujet qu’on aborde, mais je ne pense pas qu’il soit moins voyant, les scènes de Shéhérazade étaient beaucoup plus érotiques, là c’est uniquement en arrière plan. Le Public : Combien de temps de prises de vue, par curiosité ? Presque 2 ans de prises de vues.

Le lit froissé

myriamdonasis

PJ : On n’a pas du tout le sentiment dans votre film d’avoir à faire à des comédiennes, en tant que spectateur, on a l’impression que l’une comme l’autre court après quelque chose qu’elles n’osent pas s’avouer. On a l’impression, pour utiliser une image, que l’alcool soutient l’homme comme la corde soutient un pendu. Au moment où elle lui enlève son jean’s , elle n’est pas sous l’emprise de l’alcool, elle est tout à fait consciente au moment de l’action, l’une et l’autre d’ailleurs. Par contre, après cette relation, s’est crée un antagonisme. Myriam Donasis : Ce sont réellement deux comédiennes, d’anciennes élèves des cours Florent, enfin en devenir car elles n’avaient jamais tournées au moment du film. Parce que j’avais envie qu’elles aient peur, et l’une, et l’autre. Ce sont des professionnelles, de par leur formation. Vous faites allusion au moment où elle enlève son jeans et je tenais beaucoup qu’à un moment il se passe quelque chose d’extrêmement grave, vous avez beau être ivre, il y a d’un seul coup comme un réveil. C’est parfois quelque chose qui existe dans l’amitié, où l’on a envie de partager tout le temps, et l’alcool d’un seul coup permet de…. En même temps, elle est bien, mais elle est mal, et c’est ce que je voulais faire passer. Ce film est le passage d’une amitié vers l’amour, d’une sexualité vers une autre. PJ : Le lendemain quand elles se quittent, il y a une dualité qui les pousse l’une vers l’autre, alors que vous donnez le sentiment qu’elles se rejettent. Alors qu’on a l’impression, d’un plus plus : elles se repoussent, plus moins : çà s’additionne. Là on a le sentiment que vous avez fait un plus et un moins. Au moment où elles se retrouvent dans la salle de bain, dans une scène de provocation par l’une qui soulève son T short et l’autre lui répond : non, çà ne m’intéresse pas, elles tombent l’une dans les bras de l’autre en s’embrassant mais aussi en se repoussant. Si on ne vit pas ce type de situation, je pense qu’il est très difficile de le décrire. MD : C’est vrai que le lendemain, il y a un malaise, une tension qui subsiste par des silences, presque pas de dialogue, ou des dialogues déplacés où personne ne veut aborder le sujet. Le moment où l’une rentre « en furie » parce qu’elle ne peut plus supporter ce silence, le fait de soulever son T short est une forme de défense, alors qu’elles savent très bien à ce moment précis, et l’une et l’autre ce qui s’est passé, quelque chose de grave. Elles se sont aimées mais ne sont pas capables de se l’avouer. A un moment donné, çà ne peut qu’être viscéral, çà ne peut être traduit que par une gifle. Ce que je voulais, c’est que tout de suite derrière, on ne se dise pas « Finalement, oui, génial, tout çà n’est rien et va se résoudre », je voulais qu’elles se repoussent, que ce ne soit plus comme « avant ». PJ : Vous avez ramené votre film de 30 mm à une durée beaucoup plus courte, n’est pas une certaine forme de rétrospective que vous faites en la circonstance ? On sent votre implication où vous avez pris la position de cette femme, pourquoi ne pas avoir pris la position de l’homme ? Quel était le message que vous souhaitiez faire passer ? J’étais un peu moins dans un film sur moi-même, j’avais certes une histoire qui parlait de l’intime et de la détresse, j’avais besoin que le film soit un peu plus abstrait pour être un peu plus clair, j’ai volontairement déséquilibré le film. Le Pape : pour résumé, entre l’envoi du film à Clermont et le jour où il est passé dans les salles, tu l’as retravaillé, tu viens juste de le terminer pour la sélection.

Interview du Pape* (Claude Duty) :

claude_duty

PJ / quel est ton sentiment par rapport à ce Festival de 2007 où lors de la soirée d’ouverture tu as perdu tes yeux et ton dentier ? P : J’étais ravi de cette soirée d’ouverture, drôle, j’étais complice, je savais très bien ce qui allait m’arriver. Nous avions de bons retours, le public est agréable, les réalisateurs sont intéressants. Ils ont tous des interventions souvent passionnantes. C’est une année plutôt sympathique qui semble assez faste. Mais on verra bien ce que çà va donner, mais pour l’instant c’est plutôt sympathique. PJ : par rapport aux autres années, as-tu le sentiment que la salle Gripel est plus complète, les questions plus pertinentes et plus affûtées ? P : Le public est toujours nombreux, pour ne pas dire plus nombreux, on a la chance d’avoir un public assez constant et d’année en année, c’est peut-être la constatation. On voit des gens qui viennent, qui s’installent, qui restent, il y a une sorte de fidélisation au fil des années. Maintenant, au niveau des réalisateurs, c’est difficile de comparer une année sur l’autre, on a la chance cette année d’avoir des réalisateurs qui parlent bien de leur film mais çà ce sont les hasard de la sélection et de la sensibilité des réalisateurs. On a la chance d’avoir cette année, des gens qui aiment parler de leur film et qui en parlent plutôt bien. PJ/ Sais-tu que William Lemergie s’est fait le porte parole du Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand ? P : oui, le 2ème chiffre en France après Cannes, c’est Clermont-Ferrand, c’est une constatation, c’est une réalité de chiffre, en fréquentation, en nombre d’accrédités, en nombre de volume de films vendus. Ce n’est pas nous qui l’inventons, ce sont les chiffres du CNC, après Cannes, il y a Clermont-Ferrand, c’est 130 000 spectateurs, il y a tant de films qui se vendent, il y a tant de télé qui sont présentes, il y a tant d’acheteurs qui viennent, il y a tant de gens badgés etc… C’est implacable, les chiffres sont là, ce n’est pas du tout une constatation au feeling.

Interview de Myriam Donasis Réalisatrice du Film : Le Lit Froissé

PJ : Est-ce que ce film n’est pas un tremplin vers quelque chose d’autres, ce film, comme tu as pu le dire, est le fruit d’une expérience lorsque tu avais 20 ans, et cette dédicace à Cécile, est-ce le message que tu as voulu faire passé dans « Le lit froissé » ?

MD : J’ai hésite à savoir si je mettais ou non une dédicace et je l’ai mise pour être honnête avec moi-même et sincère. Effectivement, pas mal de gens m’ont demandé si j’avais un projet de long métrage après ce film et je suis en train de travailler à la rédaction d’un scénario, pour être honnête je n’y avais pas pensé du tout, mais forte d’un certain retour, je me dis qu’il va falloir peut-être s’y coller sous la forme d’un long métrage, sachant que je développerai beaucoup plus l’amitié entre deux personnes. Et puis, effectivement, j’ai 20 ans de recul sur cette histoire et j’ai grandi et du coup je pense aller, si le long métrage se faisait, vers une fin plus tempérée, c'est-à-dire moins manichéenne, de troisième voie qui est certainement de revoir les personnes quelques années plus tard, 4 ou 5 ans plus tard et comprendre finalement, chacun ayant pris un chemin différent, de manière paisible.

PJ : As-tu déjà un ordre d’idée sur le long métrage auquel tu fais allusion, le type de scénario ou est-ce que tu vas rester sur les séquelles d’un passé que tu fais revivre et partager ?

MD : C’est le première fois que j’abordais ce sujet, très honnêtement en ce moment je travaille sur un sujet tout autre depuis 4 mois, un film que j’aborderais comme un documentaire sur un sans abri. Donc qui n’a absolument rien à voir avec « Le lit froissé », et c’est parce qu’il y a eu des projections en court métrage que d’un seul coup, je me suis dit il faut que je l’aborde. Je ne suis pas du genre nostalgique à me retourner sur mon passé. L’actualité pour moi autour du Lit froissé, c’est un clin d’œil à cette amitié perdue, c’est très romantique l’idée de quelque chose qui n’existe plus. Mais avec les années, avec le recul, j’aimerai lui donner une dimension paisible même si je suis passée par des tumultes, j’ai envie d’aller vers quelque chose de plus doux à la fin.

SYNOPSIS DU 29eme Festival Salle Gripel

Ces moments privilégiés entre le Public, les comédiens, les réalisateurs, est le fruit d’un travail de complicité de longue date et ou chacun tient son rôle presque à la perfection A tel point que le Panda que je suis se posait la question depuis des années. A savoir pourquoi toutes les séquences étaient filmées enregistrés et bien pour les mêmes raisons que vous venez de lire. Les questions réponses sont dans les débats à bâtons rompus analysées, décortiquées et servent par la suite au Festival et responsables de Sauve qui peut le cour métrage de mieux analyser les raisons de leur choix par rapport au public et leur sélection. Cela est une des portes secrètes que Le Panda vous offre et qui coulissent dans l’écran noir de vos nuits blanches, à 2008 !!

Gaëlle Denis, Après la Pluie.

PJ : Gaëlle Denis, votre film, c’est un cumul d’idées qui ont surgies au fur et à mesure face à des circonstances qui se sont présentées face à vous.

GD : En fait, toutes ces idées, il a fallu faire le tri pendant le tournage. Par rapport à un film de fiction, vous travaillez avec ce que vous avez. J’ai passé beaucoup de temps et d’énergie à travailler avec ce que j’avais déjà en tête. C’est à dire que vous avez un lieu de tournage, et soudain vous changez complètement vos caméras parce qu’il faut faire avec ce que vous avez. Moi, je voulais travailler d’une manière très précise pour raconter cette histoire, dans un restaurant, dans la rue, je voulais qu’il fasse beau, et on m’a dit : il risque de pleuvoir ! Je ne voulais rien savoir, il pleut mais je veux qu’il fasse beau ! Et on a eu de la chance, il a fait beau !

Le pape : quand l’imagination se trouve face à la réalité. Oui, je comprends

Le Pape : mais finalement, votre film aurait été plus facile en film d’animation où l’on n’a pas toutes ses contraintes, on fait ce que l’on veut, il n’y a pas la pluie, il n’y a pas ci, pas çà. Il y a des qualités dans l’animation et du confort aussi.

GD : Mais bon, on a quand même tourné en juillet, j’avais quand même prévu de faire ces effets spéciaux, surtout pour l’évaporation, il n’y avait pas le choix, il fallait finir le film le plus vite possible. Je reviens justement d’un exercice difficile la semaine dernière à Rotterdam où il fallait faire le film en une semaine, vous écrivez le script, vous montez tout. Tout le monde arrive et personne ne sait ce qu’il va faire, les caméramans ne savent pas ce qu’ils vont avoir comme éclairage, les comédiens ont leur dialogue le jour même du tournage. Bref, c’est un exercice formidable quand on vient de l’animation. En animation, on prévoit tout, les moindres détails. C’est la grande différence, mais c’est plein de bonheur, plein de spontanéité et d’émotions. Là, je suis comme une enfant à l’école qui apprend, j’espère continuer et pouvoir mélanger tout çà.

PJ : Ce qui fait le charme de votre film, c’est le charme avec lequel vous en parlez.

GD : Je travaille en Angleterre, et je suis émerveillé par les gens de Clermont qui sont vraiment amoureux du film et là, je me dis mais je vais rentrer en France. Je suis heureuse, il y a quelque chose ici, une énergie qui fait du bien.

Le Pape : Il faut comprendre que l’animation c’est derrière ?

GD : Non, l’animation sera toujours là, çà tourne tout seul, vous racontez votre histoire, vous faites le dialogue, votre recherche d’image, vous faites votre montage, le son, vous faites un film de A à Z quasiment tout seul finalement. En fait, quand vous travaillez un film avec une équipe, çà ne peut être que du bonheur. Mon cursus, en fait j’ai fait mes études jusqu’à 18 ans à Clermont, ensuite je suis allée aux Arts Déco à Paris, il y avait une section animation qui venait juste de s’ouvrir, j’y suis allée parce que la seule section où il y avait de rassemblé les images, le son. Ma dernière année d’animation je sentais que j’avais encore besoin d’apprendre des choses, j’ai fait une demande en Angleterre, je voulais parler anglais, je voulais voir autre chose et continuer à faire des films aussi, je ne me voyais pas du tout finir devant mon écran, à travailler sur des sites Internet, à construire des sites Web et on m’a donné une bourse et j’ai pu rentrer dans cette école très spéciale en fait où il n’y a que des gens qui viennent d’école d’art ou d’ingénieurs. Ensuite, je suis restée après mon diplôme parce que Chanel 4 m’a donné un budget pour faire un court métrage, de fil en aiguille j’habite là-bas depuis. J’ai une formation plus artistique, je n’ai jamais fait une école de cinéma mais je continue à apprendre constamment, à aller voir des films. Je suis en fait comme un spectateur normal, quand il faut pleurer je pleure et quand c’est drôle je rigole mais je continue à m’interroger. Mais ma base est plutôt artistique.

Claude Duty : vous aviez l’impression avant de toucher des prises de vues réelles qu’il fallait apprendre autre chose ou çà se confirmerait sur le plateau. C'est-à-dire que vous avez une formation qui vous facilitait le travail en animation, mais pas en prises de vues réelles.

GD : Lorsque vous arrivez, vous ne connaissez rien, les optiques, les manières de filmer, les plans moyens, les plans rapprochés, il y a tout un langage. En prises de vue réelles vous avez un montage, vous avez un apport extraordinaire pour raconter l’histoire. Alors, qu’en animation il y a très peu de montages, tout est préparé à l’avance. De pouvoir manipuler les rushs, c’est extraordinaire, de travailler avec un monteur qui a un langage cinématographique instinctif en fait, vous apprenez à travailler différemment. J’apprends, j’arrive sur un tournage et çà va être instinctif, il faut raconter l’histoire, il faut s’approcher de l’émotion, de l’acteur. Il y a quelques mois, j’ai regardé un film d’Antonioni, c’est l’histoire d’une fille qui disparaît, c’est un couple qui la recherche sur une île, c’est un grand classique, le film est long mais il y avait des choses qui me plaisait et je ne comprenais pas trop. Je regarde à nouveau le DVD mais avec les commentaires cette fois, où là il raconte tout le conceptuel derrière, le décor, le volcan derrière qui exprime la relation entre l’homme et la femme, comme un enfant j’ai découvert que dans le cinéma il y avait des calques, des couches, des strates, je découvrais des choses que des gens savent déjà, un langage avec une puissance incroyable.

Michel Coulombe : en tout cas, nous avons hâte de voir vos prochains films.

Public : Juste une question, tous les débats ont été enregistrés, qu’en faites-vous ensuite, les mettez-vous sur le site Internet ?

Michel Coulombe : je peux vous dire une chose, je fais ces débats tous les ans, depuis 1983 et très vite, les débats ont été enregistrés, il y a un bunker où sont stockés et répertoriés tous les enregistrements depuis 1985 ou 86. Je veux bien qu’on les mette sur Internet, mais le site va être engorgé, il va exploser la toile Internet ! Il y a même une année où ils ont été filmés, mais çà fatiguait beaucoup les pauvres caméramans !

INTERVIEW DE MICHEL COULOMBE

michel_coulombe

PJ : Peux-tu nous donner ton sentiment par rapport à la manière dont s’est déroulé le Festival cette année ?

MC : Claude et moi, sommes ceux qui voyons le plus de choses et le moins de choses en même temps parce que l’on est ici et isolés de la vie du Festival. Pour moi, cette année, il y a une différence extrême entre le cinéma français et international, cinéma français qui pour moi est déconcertant parce qu’il y a une culture beaucoup plus lointaine quant à la mienne que celle de l’international. Il y a un clivage qui me parait assez net, mais il y a eu lors de ces rencontres, des révélations. Souvent les cinéastes nous racontent des histoires dont on n’a pas idée vraiment, on découvre l’arrière plan de leurs films, ils sont d’une générosité sans nom. Clermont confirme sa place car on a dû voir au moins 120 réalisateurs, quand on parle du Costa Rica ou du Turquistan dont on a jamais vu de films ou bien peu avec tous les pays d’Europe Centrale qu’on connaît bien mais l’Amérique, la Nouvelle Zélande ou l’Australie, on se rend compte, qu’ici converge effectivement toute la planète. C’est banal de dire cela de Clermont mais en même temps, c’est formidable. Si j’étais auvergnat, je comprendrai assez vite que c’est un trésor et un privilège sans nom, d’avoir des films c’est une chose, mais d’avoir aussi toutes ces personnes qui viennent et pour qui maintenant Clermont-Ferrand, au fin fond de la France comme se le dit un certain nombre de parisiens, est un temple, un lieu où il fait bon se présenter car c’est le lieu suprême du Court Métrage, c’est quand même un beau retour des choses pour les Clermontois.

PJ : Avec toutes ces années de complicité que nous avons traversé, je suis aussi là pour te dire merci pour tout ce travail que l’on a pu faire ensemble, dire merci à Claude

MC : on est heureux de te savoir là, de voir qu’il y a des gens qui ont avec nous une complicité qui est durable, c’est ce que l’on reçoit.

INTERVIEW D’ALAIN BUROSSE

PJ : nous nous trouvons face à Alain Burosse, comment as-tu vécu cette série Labo et ce cru 2007 du Court Métrage ?

AB : C’est toujours un peu difficile de répondre à ce genre de question, le Festival n’étant pas encore terminé, mais c’est vrai qu’il y a longtemps que je viens à Clermont, que je fais les débats du Labo depuis quelques années, j’ai eu l’impression que c’est un cru plus ouvert que les autres, est-ce la vérité ou le fait de ma présence au Labo, je ne sais pas mais il y eu quelques thématiques comme les funérailles par exemple, c’est quelque chose qui nous a marqué, beaucoup de films asiatiques par rapport aux autres années. Globalement, j’en suis très satisfait, j’ai pu voir qu’au niveau du public çà réagissait toujours bien, peut-être un peu trop bien d’ailleurs, tous les films ont été applaudi, il y a eu un espèce de consensus qui montre que le sélection du Labo est rentrée un petit peu dans les mœurs du Festival.
C’est donc plus jamais, un aiguillon des sélections de Clermont.

INTERVIEW DE SYLVIA FILUS

PJ : Musicienne, vous avez fait différentes réalisations au sein des films, comment voyez-vous le Festival cette année alors que vous n’avez pas de musique dans ce cru 2007, comment l’avez-vous vécu en tant que spectatrice ?

SF : Comme je suis complètement détachée du concours, au début j’étais un peu déçue par la qualité des films, mais ensuite j’ai vu de très belles choses. J’espère ne pas être déçue comme l’année dernière du Palmarès, où j’ai vu des films primés qui n’étaient pas inintéressants mais pas assez bons, on verra bien !

PJ : Quelles sont vos perspectives pour l’année 2007/2008, pensez-vous revenir dans cette équipe de copains que nous sommes avant tout, avez-vous le sentiment que cette ambiance s’étiole ou se renforce au contraire ?

SF : Non, elle se réconforte et on rencontre d’autres personnes qui elles aussi reviennent au fil des années, et c’est vraiment très agréable cette convivialité qui existe au Festival. Y compris avec les personnes que l’on voit pour la première fois, où l’on échange beaucoup de choses. Je reviendrais je pense l’année prochaine si j’ai un film en compétition mais aussi parce que ce sera la trentième édition, çà sera peut-être un peu spécial. Je n’ai pas encore 30 ans mais je serais là pour 30ème !

PJ : Si vous aviez un penchant pour l’un des films, quel est celui qui émerge du lot pour vous ?

SF : Pour la compétition internationale, j’ai beaucoup aimé Tanghi Argentini, un film belge pour moi exceptionnel mais également Le Remplaçant, un film italien et pour la compétition française, c’est difficile j’ai vu moins de films qu’en international mais la Promenade m’a beaucoup plu.

PJ : nous verrons en fin de soirée si vos pronostics s’avèrent vrai.

INTERVIEW DE Gaëlle DENIS
Après la pluie

gaelle_denis

PJ : Si vous êtes capable d’animer les débats comme vous produisez vos films, c’est la meilleure façon d’exporter la France vers l’Angleterre ou l’Angleterre vers la France !

GD :Vous me posez une colle ! Il y a justement quelques semaines, on a fait une projection de tout le skin, de tout ce qui allait faire les produits cette année, il y avait 5 films et on a vu un film anglais, mais dans la projection on a pu voir qu’il n’était pas anglais dans toute la projection. J’habite en Angleterre mais j’ai gardé mon bagage culturel français. Je n’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait en Angleterre si je n’avais pas été élevée en France et d’un autre côté, je n’aurais jamais pu faire les films que j’ai fait si je n’avais pas été en Angleterre.

PJ : Il est rare de trouver des gens qui ont cette double casquette, vous avez la casquette de quelqu’un qui sait non seulement aimé ce qu’elle fait et ce qu’elle fait elle le dit bien.

GD :Je ne sais pas, je vis pour çà, en faisait le film et en en parlant, pour moi il n’y a pas de double casquette, il y a juste une personne qui met son émotion et sa personnalité dans ses films en essayant de conduire les acteurs dans une certaine direction, çà me parait donc difficile d’être quelqu’un de différent lorsque je parle de mes films, les films sont écrits, imaginés par moi. Je n’ai pas assisté à suffisamment de débats pour me rendre compte si un film et son réalisateur sont vraiment différents, en fait je ne m’étais jamais posée la question avant.

PJ : La façon dans laquelle vous véhiculez vos films, quel message vous souhaitez faire passer ? On a l’impression que vous avez un côté affectif qui vous tire de l’autre côté de la Manche, et un côté rétrospectif qui vous rapproche de la France.

GD : Oui, c’est vrai, sentimental parce que c’est là que j’habite, cela fait plusieurs années que je me pose la question de revenir en France et je n’y arrive pas car j’ai trouvé une manière de me concentrer, de me contenir en Angleterre, peut-être que le fait d’être étranger dans un pays, d’avoir été très isolée au départ m’a mis dans un état d’esprit de concentration et de distance par rapport à ma vie, à certains évènements qui me permettent de prendre des notes, d’avoir du recul. Je me pose la question de savoir si j’arriverai à travailler de la même manière en France, c’est vrai qu’affectivement il y a aussi quelque chose, quand je viens à Paris, je suis contente de parler dans ma langue française, créativement j’arrive toujours à me dire que je suis plus créative quand je suis en Angleterre et en France j’arrive à récupérer dans mes discussions parce que les français parlent beaucoup dans les bars par rapport aux anglais qui discutent moins. En revenant en France, à chaque fois, je me remets dans un bain, dans un état d’esprit, je vais me ressourcer et retourner en Angleterre pour le sortir. C’est toujours une espèce d’action bipolaire entre la France et l’Angleterre que je n’arrive toujours pas à gérer. J’aimerai bien retourner en France pour diriger des acteurs français et j’ai peur, car je ne sais pas du tout comment j’arriverai à gérer mon travail créatif d’écriture.

PJ : Le sentiment que c’est avant tout une histoire d’amour, une histoire affective qui vous a poussé vers l’Angleterre en tant que personne pour être capable de réaliser des choses et d’en parler avec autant de conviction.

GD : Une histoire d’amour, non, au départ il n’y avait pas d’histoire d’amour, je suis partie en Angleterre pour mon travail. Il y a sûrement une histoire personnelle qui a fait que je suis sûrement restée qui a accompagné mon travail. Pour les gens qui connaissent mon travail d’animation, ils pourront sûrement retrouver les influences de personnes qui m’ont accompagnées dans ce travail là. C’est vrai qu’on met toujours de ces émotions personnelles dans son travail, maintenant personne n’a besoin de le savoir. Pour les gens qui font de la recherche biographique, çà pourrait sûrement les intéresser, on met toujours de soi dans son travail, par exemple, les gens qui savent que j’ai vécu au Japon comprendront certains films, d’autres que j’ai vécu en Angleterre etc. Mais il y a aussi beaucoup d’autres choses qui sont mis dans les films, çà permet à chacun de retrouver sa propre petite histoire.

PJ : Si vous aviez un message d’Angleterre a envoyé en France, quel serait-il ?

GD : Allez voir des films, écrivez des histoires, racontez des histoires il n’y a plus de conteurs au coin des cheminées comme il y en avait, mais il faut continuer à divulguer tous ces contes et ne pas hésiter à raconter des histoires drôles en imitant des voix différentes, en continuant le travail oral et visuel, c’est ce qui nous conduit, nous pousse, qui nous permet de véhiculer une culture, une pensée à travers les siècles. Nous, en tant que réalisateurs, on ne fait que continuer cette tradition, on ne sait pas si dans 50 ans on pourra regarder encore les DVD et qu’est-ce qui fait que dans 200 ans on se souviendra de nous, sinon dans les archives, mais on véhicule des points de vues, des émotions. Je tiens aussi à dire que le public auvergnat est vraiment extraordinaire, je suis très heureuse de voir autant de gens, d’âge différent qui vont voir des films et j’espère que c’est surtout à eux que cela profite, plus qu’aux réalisateurs et producteurs. Clermont-Ferrand est d’abord un Festival pour le public où les films sont montrés 5 à 6 fois dans la semaine et j’espère que chacun trouve son plaisir à aller retrouver ce film là ou cette histoire là.

PJ : je suis ravi d’avoir pu vous voler quelques minutes du consensus anglais tout simplement pour pouvoir dire : c’est une française qui a réalisé ce film.

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