Le calme panda,

J'ai remarqué sur votre site du panda qu'il y existe des incitations de lutte contre les addictions.

C'est un grand sujet mais qui n'est en rien une fatalité.

Tout ce que je puis dire d'expérience : l'addiction est un pansement qui sert à cacher une plaie (souvent de l’enfance) qu'on ne supporte pas pour cause ne pas la comprendre. (Pourquoi moi? qu’ais-je fais ?)

C'est un challenge de retrouver les origines, faire des tortionnaires des victimes et de l’intégrer. (Dix ans d'introspection douloureuse minimum)

Chaque tortionnaire l'est devenu parce que souvent il a été victime avant nous et il ne fait que reproduire un schéma qui est son seul modèle.
Un addict (victime, à la base) se pose une question récurrente, pourquoi ais-je eu à vivre cela ?

La seule réponse que je puisse formuler, c'est qu'être victime d'une personne malade mentalement ne nécessite aucune raison, être là suffit.
La seule raison que puisse avoir un tortionnaire est de n'avoir pas eu la chance d'enrayer le cercle vicieux et ne pas réussir à éviter de devenir ce qu'il a détesté lui même en son temps.

Tout ce que je puis dire à un addict c'est que ça vaut le coup de combattre et de chercher à casser le cycle.

C'est un long chemin intérieur où il faut se confronter à nos pires démons et à tout ce qui nous fait fuir.
Les stades à passer sont horribles : Les origines du mal, le flash back du vécu, la honte, la culpabilité,  la solitude, le repli, une vie à reconstruire ...

Quel bonheur de se réveiller libre de son passé, libre de toute addiction, libre de ne pas être obligé de comprendre l'incompréhensible ! LIBRE !

Le ciel est plus beau et plus bleu, les oiseaux ont un chant agréable, la vie est belle et le passé reste chez lui, derrière soi, enfin les plaies se referment.
Affaire classée, tout est plus facile et le corps comme l'esprit plus légers d'années de souffrance (je ne connais aucun addict heureux).

Pourquoi un addict entraîne ses amis avec lui et le groupe s'auto entretient ?
Complicité bien sûr, aussi chacun est l'alibi de l'autre (je ne suis pas le seul, donc je suis "normal»), c'est pourquoi rompre avec ses fréquentations est indispensable car ils ne désirent pas que vous leur prouviez qu'il y a moyen de faire autrement et perdre un de leurs alibis.

Je ne suis pas un saint comme vous le voyez mais le plus important est d'entretenir la haine du produit de la dépendance.

Je suis extrêmement dur avec les punitions car je sais que JAMAIS, même si ça aurait été plus facile financièrement, je n'ai voulu me transformer en fournisseur de mort.
En ça la loi m'a aidé à ne pas participer à la destruction des autres, comme quoi parfois la Loi est proche de la conscience ...

Donc le message est un message d'espoir, rien n'est impossible.

Message de motivation, ça vaut cent milliards de fois le coup.

Message de prévention, c'est long et difficile, douloureux, il y a des échecs mais à force d'essayer on réussit.

Personnellement j'ai haï mon médecin qui ne me croyait jamais alors que disposé à me soigner, je ne lui ai jamais menti (ce qui est rare en toxico).
Désormais, avec le recul j'ai compris le sens de sa provocation permanente : "Tant que tu es comme ça, à tort ou à raison, tu n'es crédible en rien "

Avec sa dureté il m'a donné la responsabilité de ma propre vie.
Un jour je me suis rendu chez lui en disant " c'est la dernière fois que nous nous voyons, je vais y arriver  "
Il a répondu " Ha , celle là je la connais par cœur  et je l'entends  sans arrêt , tu seras dans mon cabinet dans quinze jours au minimum "

Bien sûr j'étais vexé, bien sur je n'ai pas compris sa dureté,  mais  désormais je sais qu'il a fait le bon choix  : " Cela fait dix ans qu'il attend ma visite "

Comme quoi la volonté, la crédibilité ça se conquiert, ça se prouve, cette technique a fonctionner pour moi ( sachant qu'il ne faut jamais me dire que je ne serai pas capable de ceci ou cela ...) , après pour d'autres je ne sais pas mais je sais que plaindre ne sert à rien et la seule personne qui puisse trouver les origines est le principal intéressé  .
Souvent le sujet est si intime douloureux et personnel qu'en parler à un psy est impossible, chacun préférera parler de tout sauf de la douleur la plus forte, c'est inconscient mais le réflexe est d'éloigner le psy des sujets les plus insupportables, pour ne pas à avoir à en parler bien sur .

Ce n'est qu'un témoignage et si ça peut en aider d'autres ...

Berti, un des rédacteurs du Panda Vous Parle contact :

lessor@pandad.com